Les mots sont
Vieux
Comme la souffrance des peuples.
Vieux
Comme la souffrance des peuples.
Ces poèmes engagés à l’humanisme ardent, à la sincérité poignante, se sont nourris, pour la plupart, des voyages de Laurent Gaudé. Qu’ils donnent la parole aux opprimés réduits au silence ou ravivent le souvenir des peuples engloutis de l’histoire, qu’ils exaltent l’amour d’une mère ou la fraternité nécessaire, qu’ils évoquent les réfugiés en quête d’une impossible terre d’accueil ou les abominables convois de bois d’ébène des siècles passés, ils sont habités d’une ferveur païenne lumineuse, qui voudrait souffler le vent de l’espérance.
Et pourquoi pas la joie ?
Au milieu de nos villes escaliers
Où les murs de parpaings suent du béton,
Où les fils électriques dessinent, sur les toits, des ciels d’araignées,
Et pourquoi pas la joie?
Le temps d’une corde à sauter qui fait tourner le monde,
D’un ballon fatigué qui court de jambes en jambes
Et soulève la pauvreté dans les cris d’enfant,
Et pourquoi pas la joie ?
Le pieds dans l’immondice
Mais le regard droit.
C’est notre vie,
Et nous ne pourrons pas la mener tout entière dos plié,
Regard soumis.
Tu es née du ravage, fille,
Les coups de bâton sur nos barrages en bois ont célébré ta venue au monde
Et rien n’a changé, depuis,
Mais pourquoi pas la joie ?